- ARMILLE
- ARMILLEARMILLEAttestée d’abord en Grèce (\ARMILLE IIe s.) puis en Chine (\ARMILLE Ier s.) et en Inde (IVe s.), l’armille la plus simple se compose de deux anneaux concentriques, assemblés dans le même plan (armille solsticiale de Proclus, par exemple) ou perpendiculaires l’un à l’autre. Dans ce dernier cas, l’instrument permet, en particulier, l’observation des mouvements du Soleil, de la Lune et des planètes rapportés à l’équateur. La sphère armillaire, inventée par Hipparque (\ARMILLE IIe s.), est un assemblage de cinq anneaux. Les deux premiers: l’écliptique et le méridien contenant les solstices (colure), se coupent à angle droit. Deux cercles mobiles autour de l’axe perpendiculaire au centre de l’écliptique sont reliés au colure (l’un à l’extérieur, l’autre à l’intérieur). Ces quatre anneaux portent la graduation babylonienne, introduite en Grèce par Hipparque: 360 degrés, chacun d’eux étant subdivisé, compte tenu du système sexagésimal mésopotamien, en 60 de 60 . Un cinquième anneau, enfin, portant deux pinnules aux extrémités de son diamètre, s’inscrit dans le cercle intérieur au colure et pivote dans son plan. Un cadre soutient l’ensemble du montage qui tourne sur deux chevilles latérales, celles-ci perçant l’anneau du colure aux pôles célestes. Le système permet de mesurer les coordonnées écliptiques des astres: longitudes célestes de deux astres, obtenues par le déplacement des anneaux reliés au colure; latitudes, par visées au moyen de l’anneau-alidade.En Chine, une armille équatoriale de Gen Shouchang est signalée en \ARMILLE 52, puis une armille écliptique de Fu An, au Ier siècle de notre ère (cercle de bronze gradué, formant avec l’équateur un angle de 24 degrés chinois). L’astronome Zhang Heng (78-139) construit une sphère armillaire, entraînée dans son mouvement diurne par la force hydraulique. Un instrument du même genre est décrit en Inde au IVe siècle.⇒ARMILLE, subst. fém.I.— ARCHÉOL., vx. ,,Objet de parure, [En forme d'anneau] fermaillet, boucle d'oreilles et principalement bracelet.`` (GAY t. 1 1887).Rem. Pour GUÉRIN 1892, armille est toujours au plur. même dans ce sens.— En partic. Bracelet formé de plusieurs anneaux :• 1. Les sépultures féminines contiennent des bracelets de bronze souvent filiformes et réunis en nombre pour former une armille...J. DÉCHELETTE, Manuel d'archéol. préhist. celt. et gallo-romaine, t. 3, 1914, p. 176.II.— P. anal. avec la forme de l'armille, subst. fém. plur.A.— GÉOGR. et ASTRON. ,,Se dit maintenant des cercles qui représentent sur un globe terrestre l'équateur, les méridiens, etc.`` (RHEIMS 1969).Rem. Mentionné ds LITTRÉ et GUÉRIN 1892. DG : « anneau de la sphère armillaire ».B.— ASTRON. (ANC.). ,,Ancien instrument d'astronomie qui consistait en deux cercles de cuivre fixés dans le plan de l'équateur et du méridien, et dont le diamètre était d'environ trois mètres.`` (CHESN. 1857) :• 2. La constitution du monde ne l'inquiétait pas moins que la nature des dieux; avec les armilles placés dans le portique d'Alexandrie, il avait observé les équinoxes, et accompagné jusqu'à Cyrène les bématistes d'Évergète, qui mesurent le ciel en calculant le nombre de leurs pas; ...FLAUBERT, Salammbô, 1863, p. 21.Rem. Ce mot est masc. pour BESCH. 1845 (cf. aussi ex. 2) et sing. pour le Nouv. Lar. ill.C.— ARCHIT. Petites moulures ayant l'aspect de trois filets saillants [à la manière d'un bracelet, cf. ex. 1], placées au-dessous de l'échine, sous le tailloir des chapiteaux de l'ordre dorique grec. (J. ADELINE, Lex. des termes d'art, 1884).PRONONC. — 1. Forme phon. :[
]. PASSY 1914 note une durée mi-longue pour . BARBEAU-RODHE 1930 et [i]Harrap's 1963 donnent une durée longue. Pour la prononc. du groupe final -ille par [il] ou [ij], cf. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 433. 2. Hist. — Le mot est transcrit avec [l] simple ds LAND. 1834 [ar-mile], NOD. 1844 et FÉL. 1851, avec [ll] double ds GATTEL 1841 [ar-mil-le], avec [
] ds LITTRÉ avec yod ds BESCH. 1845 et DG.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Apr. 1174 « bracelet » (B. DE STE MAURE, Chron. Ducs de Norm., II, 7418, Michel. ds GDF. : Ses armilles, qu'om bous apele) — XVIe s. ds HUG.; 2. 1611 archit. synon. d'astragale (COTGR.); 3. 1838 astron. plur. (Ac. Compl. 1842).Empr. au lat. armilla, « bracelet » 1 dep. PLAUTE, Men., 536 ds TLL s.v., 615, 30; terme techn. « anneau de fer utilisé dans la construction de différentes machines » dep. CATON, Agr., 21, 4, ibid., 616,23; plus spéc. 3 en lat. médiév. (ALBERT LE GRAND, Cael., 2, 4, 8 ds Mittellat. W. s.v., 966, 29); au sens 3 armille a remplacé armillet, de même sens, 1556 ds GDF.STAT. — Fréq. abs. littér. :1.BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BOUILLET 1859. — CHABAT t. 1 1875. — CHESN. 1857. — Cost. 1899. — GAY t. 1 1967 [1887]. — GUYOT 1953. — JOSSIER 1881. — LABORDE 1872. — LAVEDAN 1964. — LELOIR 1961. — Mots rares 1965. — NOËL 1968. — PERRAUD 1963. — RHEIMS 1969.
Encyclopédie Universelle. 2012.